Bonnes feuilles

XIII. Joe Hill, les wobblies et la Beat Generation

1. Le syndicat le plus hip au monde

Joe Hill, l’homme du grand air et de la vie simple, l’amoureux de la nature — comme le Joe Hill quasi féministe et hostile à la « mystique blanche » —, reste un parfait étranger pour les historiens. Quant aux romanciers, à de très rares exceptions près, ils se sont tous bornés à faire de Joe Hill un personnage monolithique, conforme à un modèle unidimensionnel, en illustrant le vieux proverbe qui dit : « Myths die hard » (Les mythes ont la peau dure). Beaucoup de gens attendent de « leur » Joe Hill qu’il se conforme strictement à telle ou telle fausse information privilégiée, positive ou (...) Lire la suite

2. De la Grande Dépression de 1929 à la Guerre froide des années 1950

Des années 1910 aux années 1920, l’IWW fut un véritable syndicat ouvrier, encore que son activité et son influence se soient étendues bien au-delà du monde ouvrier « traditionnel ». Que se passa-t-il des années 1930 aux années 1950 ? L’Industrial Worker avait très justement prédit la crise de 1929 qui engagea le mouvement ouvrier dans une nouvelle phase de luttes, et les wobblies, malgré leur nombre alors terriblement réduit, lancèrent cependant des actions qui se répandirent comme des traînées de poudre à travers le pays. Honteusement ignorée par les historiens, l’activité syndicale (...) Lire la suite

3. Le vieux wobbly, gardien des flammes de la révolte

Dans les années 1950 et 1960, longtemps après qu’ils eurent cessé de représenter un véritable pouvoir sur les lieux de travail, les wobblies restaient une puissante référence révolutionnaire et morale, une inspiration et un symbole vivant de dissidence, de révolte et de créativité ouvrières. L’influence diverse et variée du syndicat était évidente dans les mouvements pour les droits civiques et contre la guerre ; dans des groupes comme la Student Peace Union, le Committee for Non-Violent Action, le Congress of Racial Equality et le Student Nonviolent Coordinating Committee ; dans (...) Lire la suite

6. Gary Snyder, Han-Shan wobbly

L’intuition des R. U. Wobblies se révéla exacte : il y avait un lien direct et solide entre l’IWW et le mouvement Beat, et ce lien était Gary Snyder. L’auteur de Montagnes et rivières sans fin (Mountains and Rivers Without End), un des plus grands poètes contemporains, influence majeure de Kerouac comme d’innombrables autres écrivains et relais retentissant pour ce qu’il y a de meilleur dans le biorégionalisme et l’écologie profonde (deep ecology), Snyder reste le lien le plus fort entre le syndicat le plus hip de l’histoire américaine et le mouvement poétique le plus créatif de la (...) Lire la suite